Je me suis concentré sur le nombre de décès par million d’habitant. Donnée la moins subjective à mon sens (par rapport au nombre de testés, etc.), même si on peut aussi objecter que les décès sont comptés différemment selon les pays. Mais la différence ne va sûrement pas du simple au double, et la méthode restant la même toute l’année, les évolutions relatives sont toujours pertinentes.
Et sur cette base, j’ai sélectionné 5 pays européens qui me semblent être chacun l’archétype d’un groupe, avec une petite analyse personnelle qui n’engage que moi (OK, je n’ai aucune compétence en épidémiologie, mais là on parle avant tout de statistiques et de politiques publiques).
A est une faible vague de décès, D une très forte.
> Groupe AA – Norvège (Danemark, Finlande…) : faible première vague, faible seconde vague. Bons gestionnaires, ou chanceux d’être en périphérie du continent (peu de grandes villes, d’aéroports, etc.) ? Sûrement un peu des deux (leurs chiffres sont assez proches de ceux de la Bretagne occidentale, par exemple).
> Groupe DC – France (Espagne, Royaume-Uni…) : une grosse première vague, une seconde forte mais plus modérée. Des pays qui n’avaient rien anticipé au printemps, voire ont été plutôt laxistes au début (en particulier le R-U), mais ont peut-être été un peu plus réactifs ensuite, ne serait-ce que pour la disponibilité des masques et des tests. L’avenir nous dira si le C ne devient pas un D d’ici janvier ou février; espérons que non.
> Groupe AD – République Tchèque (Pologne, Grèce…) : presque rien au printemps, mais une seconde vague explosive dès octobre. Excès de confiance suite à une 1e vague bien maîtrisée ? Cela semble avoir été le cas en Tchéquie. Ailleurs je ne sais pas… En tout cas, le pic semble passé.
> Groupe BC – Allemagne (Autriche, Suisse…) : une première vague importante mais assez maîtrisée, et une seconde beaucoup plus inquiétante, encore en forte hausse, mais sans commune mesure pour l’instant avec le groupe précédent. Si la hausse se poursuit, ils risquent de devenir « BD ».
> Groupe CC – Suède et Italie : une forte 1e vague, une forte 2e vague. Sur les bords de la Baltique,, une politique plutôt libérale mais des recommandations assez suivies ; chez nos voisins transalpins, des mesures plutôt strictes dès la 1e vague ; mais un résultat assez similaire… pour deux pays au contexte toutefois très différent (la Lombardie à elle seule comprend la même population que la Suède, alors qu’elle est 18 fois plus petite).
En Italie le pic semble toutefois passé, alors qu’en Suède, comme en Allemagne, le C de la vague en cours risque de se transformer en D.
Par contre, à part éventuellement l’Irlande, je ne vois pas de pays « DA » ou « CA » ayant eu une forte première vague et une 2e très faible, mais cela m’a peut-être échappé. Je ne vois pas non plus de « DD » pour l’instant. Mais on pourrait imaginer que les pays et régions les plus touchés au printemps soient *un peu* plus épargnés maintenant. C’est en tout cas ce que la situation alsacienne peut laisser penser.
À noter aussi que chaque agrégat national cache de fortes disparités régionales. Rien à voir par exemple entre le Haut-Rhin (DB), la Haute-Savoie (BD) et la Charente-Maritime (AA). Idem pour les régions italiennes, les cantons suisses, etc.
En tout état de cause, cette comparaison me paraissait intéressante, notamment en cela qu’elle montre que ce n’est qu’à la fin de la crise qu’on pourra vraiment travailler sur ces comparaisons et peut-être en tirer des enseignements. Ou pas…
Au fait, j’ai aussi ajouté 3 pays qui sont là, bien discrets en bas du graphique : La Corée du Sud, Taïwan et Singapour. Trois exemples qu’il me paraissait important de faire figurer, car malgré de fortes concentrations humaines, les épidémies qu’ils ont subies par le passé leur ont visiblement appris à se protéger de l’actuelle. Souhaitons que nous puissions nous doter en Europe des mêmes facultés d’adaptation et d’organisation !