Affaire Cahuzac: à l’heure où le lynchage semble être devenu la norme sur les réseaux (a)sociaux, comme le montre aussi l’affaire « Naomi », juste quelques observations personnelles.
Pour résumer, le gars a planqué 600’000 € en Suisse, puis à Singapour. Qu’il a légalement gagnés comme chirurgien et entrepreneur… mais soustraits au fisc.
Il a été condamné avant-hier à 2 ans de prison ferme et 2 ans avec sursis, 300 000 € d’amendes et 5 ans d’inéligibilité.
Depuis 2013, sa carrière politique, aussi bien en Aquitaine qu’au niveau national, est de toute façon finie. Sa vie personnelle est devenue très compliquée (insultes, menaces…). Il a déjà dû rembourser ce qu’il devait au fisc, et payer ses frais de justice. Les 600 sacs mis de côté, il les a largement perdus.
La presse putaclic titre maintenant sur « il devrait échapper à la prison ». Bah oui, comme 95% des fraudeurs fiscaux. Ça s’appelle « l’aménagement de peine », et c’est courant jusqu’à 2 ans, voire carrément la norme en dessous d’1 an, lorsqu’on considère que le condamné ne représente pas un danger immédiat pour la société et qu’une surveillance administrative suffit. Ce qui me semble être le cas. Qu’on critique ce système, soit, mais qu’on considère que Cahuzac bénéficie d’un passe-droit alors qu’au contraire, il a plutôt été davantage condamné qu’un fraudeur « lambda », c’est à mon avis avoir loupé certaines informations.
Je ne plains pas ce monsieur, il n’a que ce qu’il mérite. Moralement, il a été en-dessous de tout depuis le début.
Malgré tout, pour qui se donne la peine de prendre un peu de recul sur cette affaire, le cas Cahuzac est, au contraire de ce que les populo affirment, l’exemple que les politiques sont de moins en moins au-dessus des lois et peuvent être autant condamnés, voire davantage, que les autres justiciables.
Et, de manière générale : les magistrats connaissent mieux le dossier que nous, et sont là pour appliquer la loi, pas pour assouvir vos pulsions de pendaison publique. Si la loi est trop permissive à votre goût, contactez votre député ou engagez-vous en politique. Lyncher les juges sur Facebook ne sert à rien, si ce n’est à rendre ce pays toujours plus divisé.
Pendant qu’on gesticule sur Cahuzac, sur les députés qui consomment trop de café, ou sur les opératrices du SAMU, les types qui gagnent chaque mois les 600 sacs de Cahuzac (oui, c’est à peu près le salaire moyen d’un patron du CAC40), notamment les propriétaires des grands médias français, se frottent les mains en voyant à quel point leurs écrans de fumée fonctionnent bien.